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Aider un proche qui souffre d’anorexie

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Un de mes proches souffre d’anorexie mentale : comment puis-je l’aider ?
Cet article se veut pédagogique pour aider les proches à comprendre ce qu’est l’anorexie mentale, mais rien ne remplace les conseils de professionnels de santé qui proposeront un accompagnement adapté à la situation de votre proche .

L’anorexie mentale est une maladie. Pas un caprice.

L’anorexie est un trouble du comportement alimentaire qui se manifeste par une perte de poids intentionnelle. Elle se caractérise par une restriction des apports alimentaires durant plusieurs mois, voire plusieurs années, conduisant à une perte importante de poids associée à un certain « plaisir de maigrir » et une peur intense de prendre du poids.
La personne souffrant d’anorexie mentale a le sentiment d’être toujours en surpoids et cherche à maigrir par tous les moyens. Cela passe notamment par le contrôle des calories de tous les aliments consommés, et par une pratique souvent intense d’activité physique. La personne a une perception perturbée de l’image de son corps et ne reconnaît pas la gravité de sa maigreur.
Il faut donc considérer les personnes anorexiques comme des personnes malades, nécessitant une prise en charge spécifique par des professionnels de santé, sur les plans physiologique et psychologique.

Que peut-on faire pour aider les personnes malades dans leur quotidien ?

Pendant les repas, on ne parle pas de nourriture : faîtes diversion !

La peur intense de prendre du poids pousse les personnes souffrant d’anorexie mentale à refuser de manger. Les repas deviennent ainsi les moments les plus difficiles de la journée, une grande source d’anxiété pour les personnes souffrant d’anorexie mentale car toutes leurs pensées sont focalisées sur la nourriture. Et cela peut très vite devenir une source de crispation pour toute la famille.
Le rôle de l’entourage est d’aider la personne à se détendre, à penser à autre chose et surtout à ne pas parler de nourriture. La perception de la celle-ci étant modifiée par la maladie, même les remarques se voulant rassurantes sont déstabilisantes et renforcent le sentiment d’anxiété. Une phrase comme « Tu peux y aller, c’est léger, ce ne sont que des légumes. » sera souvent interprétée comme : « Cela veut dire que le reste ne l’est pas !!!!! ». L’emprise psychologique de la maladie l’emporte malheureusement souvent sur la réalité.
L’attitude à adopter : préparer des repas équilibrés et ne pas parler de nourriture. Ni avant (« est-ce que cela te va comme menu ? »), ni pendant, ni après le repas. Changez-vous les idées, faîtes une sortie, un jeu, regardez un film ensemble. Soyez présents pour l’autre.

Accompagner votre proche, c’est respecter le protocole de soin qui a été défini pour lui par son équipe soignante.

De nos jours, beaucoup de personnes consultent un nutritionniste pour des raisons de santé : diabète, hypertension, surpoids, … les raisons sont nombreuses, surtout en vieillissant. Les conseils que prodiguent les nutritionnistes sont adaptés à votre situation. Ils ont été formulés par le professionnel de santé qui vous connaît, en fonction de votre situation médicale, de votre âge, de votre activité et d’autres facteurs qui vous sont propres. Ils ne sont pas adaptés à la situation personnelle de votre proche.
Votre proche doit suivre les recommandations de son nutritionniste dans le cadre d’un protocole de soin défini spécifiquement pour lui. Ce protocole évolue dans le temps en fonction de l’état de santé, du niveau de dénutrition et de la progression dans les soins, de la phase de renutrition à la phase de consolidation.
Même si cela part d’une bonne intention, partager les conseils de vos médecins et nutritionnistes personnels peut contribuer à accentuer le mal-être et les troubles de votre proche. Ce qui est bon pour vous, ne l’est pas forcément pour les autres, en particulier pour les personnes qui sont, elles aussi, malades. Et cela revient encore à…parler de nourriture, et focalise l’attention sur le contenu de l’assiette au lieu de l’en détourner. Moins vous ferez de commentaires, mieux le repas se passera.

L’anorexie mentale n’est pas tabou : parlez-en, et parlez-en à des professionnels.

Le principal frein à la guérison est la difficulté qu’ont les personnes souffrant d’anorexie mentale à reconnaître qu’elles sont malades, et donc à mettre en place les soins indispensables à leur guérison. Le rôle de l’entourage est essentiel pour les aider à prendre conscience de leur état, à les pousser à reconnaître qu’elles ont besoin d’aide et à les orienter vers des professionnels spécialisés dans l’accompagnement des Troubles du Comportement Alimentaire (TCA).
A partir d’un certain point, quand la maladie est profondément ancrée, ce qui se manifeste le plus souvent par une perte de poids importante et visible, l’accompagnement par une équipe médicale est indispensable voire vital. Le traitement de cette pathologie est axé sur le travail pluridisciplinaire. Autour du psychiatre référent qui donne la cohérence à la prise en charge, se déploie toute une offre de soins, pour prendre en charge la dégradation de l’état de santé et les aspects psychologiques liés à la maladie (mal-être, dépression, mauvaise image de soi,…).
Les soins associent en général psychothérapie, accompagnement par un nutritionniste, groupe de parole, thérapies familiales, relaxation, ateliers d’expression corporelle voire un groupe de parole pour les parents. L’accompagnement est indispensable tout au long des soins, pendant la phase de reprise de poids et la phase de stabilisation. Jusqu’à la guérison. Car l’anorexie mentale se guérit grâce au travail d’accompagnement remarquable effectué par les soignants et à la volonté de s’en sortir des malades.

Prenez aussi soin de vous

L’anorexie mentale est une maladie longue, qui se rapproche plus d’un marathon que d’un sprint. Se battre contre la maladie est un combat de tous les jours, qui demande un engagement de tous les instants pour votre proche et une grande énergie. Il est important de prendre soin de vous : participez à des groupes de parole dédiés aux proches et proposés par les établissements de soin, continuez les activités qui vous font du bien, partagez avec vos amis.

Article rédigé par Estelle S., mère de famille qui a été directement confrontée au problème.

Crédit image Image de storyset sur Freepik

Pour aller plus loin :

– Le site de la Fédération Française Anorexie Boulimie peut vous mettre en relation avec des professionnels et dispose d’une hotline où des professionnels répondent à vos questions/
Le site de la Fédération Française Anorexie Boulimie

– Le site Tout sur les TCA (Troubles du Comportement Alimentaire)

Le document d’information destiné aux familles et aux patients de la Haute Autorité de Santé


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