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Anatomie d’une FAKE NEWS

Image d’un collage de titres de journaux déchirés avec des mots-clés comme fake news, covid, économie, politique et guerre, symbolisant la surcharge médiatique et les risques de désinformation.
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Comment naissent et se propagent les fake news : voyage au cœur de l’intox numérique

Dans le monde numérique où nous évoluons, une fausse information peut faire le tour du globe en quelques heures. Elle naît dans l’ombre, se propage à la vitesse de la lumière et s’ancre durablement dans les esprits. Ce phénomène, amplifié par les réseaux sociaux et nos réactions émotionnelles, s’est révélé avec une force inédite pendant la pandémie de Covid‑19. Mais pour mieux le comprendre, revenons d’abord sur ce qu’est une fake news et comment elle se faufile dans nos vies.


Le cycle de vie d’une fausse information

Tout commence souvent par une publication isolée : une image, une phrase-choc ou une vidéo sortie de son contexte. Cela peut venir d’un blog obscur, d’un compte anonyme ou même d’un individu convaincu de dire la vérité. L’intention peut être malveillante — pour manipuler ou déstabiliser — ou simplement naïve, fondée sur un malentendu ou une croyance personnelle.

Dès sa naissance, cette information trouve une caisse de résonance naturelle sur les réseaux sociaux. Les algorithmes favorisent les contenus qui suscitent de fortes réactions : indignation, peur, révolte ou fascination. L’émotion prend le pas sur la raison, et le réflexe de partage précède souvent la vérification. De proche en proche, le message circule, change parfois de forme, et se consolide dans l’imaginaire collectif.

Au sein d’un groupe de discussion, d’une communauté en ligne ou d’un groupe WhatsApp familial, la fausse nouvelle devient familière. Et ce qui est familier nous paraît crédible. Même lorsque la véracité est remise en cause par des démentis, la trace émotionnelle persiste. Ce qu’on a vu une fois, on a du mal à le désapprendre.


Le cas Covid : un laboratoire à ciel ouvert de désinformation

La pandémie de Covid‑19 a illustré à quel point ce mécanisme pouvait devenir viral — au sens propre comme au figuré. Face à l’angoisse, à l’incertitude et à l’isolement, de nombreuses personnes ont cherché des explications simples à une situation complexe. Et certains ont trouvé ces réponses dans des théories qui ont rapidement fait le tour du monde numérique.

Dès 2020, des messages prétendant que « boire de l’eau chaude toutes les 10 minutes tue le virus » ont circulé sur tous les continents. Des vidéos annonçant que les vaccins contenaient des puces électroniques ou modifiaient notre ADN ont récolté des millions de vues. Le problème n’était pas seulement la création de ces messages, mais surtout leur amplification.

Un rapport du Center for Countering Digital Hate (CCDH) a montré que 65 % des messages antivaccins sur Facebook et Twitter provenaient d’un groupe de seulement 12 personnes, surnommé le Disinformation Dozen. Sur Facebook, ce chiffre montait même à 73 %. Autrement dit, une poignée d’émetteurs ont été capables d’influencer des millions d’utilisateurs, parfois de bonne foi, qui ont simplement relayé ce qu’ils croyaient utile ou crédible.

Une étude internationale a estimé que, selon les plateformes et les échantillons analysés, entre 0,2 % et 28 % des contenus Covid comportaient des éléments désinformants. Cela peut paraître peu, mais à l’échelle d’Internet, cela représente des millions de publications.

Les causes sont multiples : la confusion scientifique de départ, l’échec de la communication officielle, la surabondance de chaînes de messagerie privée où les vérifications sont absentes. Mais la racine du phénomène, c’est notre propre fonctionnement cognitif : notre cerveau cherche des histoires cohérentes, des coupables, des solutions. Et il préfère souvent une explication fausse mais simple à une réalité vraie mais complexe.


Se protéger sans paniquer

Il ne s’agit pas de devenir méfiant envers tout et tous. Il s’agit simplement d’apprendre à lever le pied avant de partager, à vérifier une image ou une info avant de la relayer. Des outils existent : Google Fact Check Explorer permet de voir si une info a déjà été démentie, InVID aide à vérifier l’origine d’une vidéo ou d’une image, et AFP Factuel propose une veille actualisée des rumeurs en circulation.

Mieux encore, on peut aujourd’hui demander à une intelligence artificielle de nous aider à y voir plus clair. Par exemple :

“Voici une information que j’ai vue circuler sur les réseaux : [copier ici le message]. Tu agis en historien fact-checker, vérifiant les affirmations avec des sources reconnues [cite des exemples de sources].) et en identifiant d’éventuels biais. Peux-tu me dire si elle est vraie, partiellement vraie ou fausse, avec une explication pédagogique et les liens des sources utilisées pour vérifier ?”


Ce qu’il faut retenir

Les fake news ne sont pas des accidents. Elles répondent à une logique de propagation qui exploite nos émotions, nos biais mentaux et nos outils numériques. L’exemple du Covid nous rappelle que même les plus rationnels d’entre nous peuvent être piégés.

Mais il suffit parfois d’un temps d’arrêt, d’une vérification rapide, ou d’une bonne question posée à un outil IA bien utilisé, pour briser cette chaîne de désinformation.


Pour ALLER PLUS LOIN :

Lire l’article : “Les biais cognitifs qui nous piègent… avec notre complicité”

Parce que parfois, ce n’est pas l’info qui est biaisée. C’est notre façon de la lire.

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