L’or, ce vieux sage toujours aussi séduisant ?
L’or, éternel refuge, est-il encore un bon placement aujourd’hui, après la très forte hausse de ces derniers mois? À regarder l’évolution de son cours ces dernières années, la question mérite d’être posée. Avec des sommets flirtant autour de 3 100 dollars l’once en ce printemps 2025, certains investisseurs s’interrogent : a-t-on raté le coche ou l’or a-t-il encore de beaux jours devant lui ?
Il y a quelques années, l’or apparaissait presque comme un placement ringard, réservé aux frileux ou aux nostalgiques d’un monde pré-bitcoin. Et pourtant. Il s’est imposé, en toute discrétion, comme l’un des actifs les plus performants sur le long terme. Depuis 2000, son cours a été multiplié par plus de six. Pourquoi ? Parce que l’or a cette capacité unique à rassurer dans l’incertitude.
Or, de l’incertitude, nous en avons à foison : barrières douanières, inflation, dettes souveraines abyssales, tensions géopolitiques avec le conflit Russie / Ukraine, ou avec la volonté de l’Iran d’acquérir l’arme atomique et de déstabiliser tout le Moyen Orient, menace de dédollarisation dans certaines régions du monde… L’or est un antidote à la perte de confiance. Il ne rapporte pas de dividendes, il ne produit rien, mais il incarne quelque chose de rare dans un monde numérique : la matérialité de la valeur.
1. Un actif hors système, un rempart face aux chocs
L’or est à la finance ce que la boussole est au marin : un point fixe, une certitude dans un environnement mouvant. Lorsqu’une banque centrale vacille, lorsqu’un dollar s’affaiblit, l’or ne bronche pas. Il ne dépend d’aucun État, d’aucune entreprise, d’aucun algorithme.
Et ce rôle de rempart a été renforcé par les récentes décisions des banques centrales elles-mêmes. Depuis plusieurs années, la Chine, la Russie, l’Inde et d’autres pays dits “non-alignés” accumulent de l’or à un rythme soutenu. La Banque populaire de Chine a, à elle seule, acheté plus de 200 tonnes en 2023. Pourquoi ? Pour se détacher progressivement du dollar, pour se préparer à un monde multipolaire, voire fragmenté.
Mais alors, faut-il acheter de l’or aujourd’hui, alors que son cours est historiquement élevé ? Ne risque-t-on pas d’acheter au plus haut ?
Acheter de l’or, oui, mais pas pour devenir riche.
L’or ne s’achète pas dans une logique spéculative. Ce n’est pas une start-up ni un ETF technologique. Il s’achète comme une assurance : on espère ne jamais avoir à en tirer profit dans un contexte de crise grave, mais on est heureux d’en posséder si le pire arrive. Dans une stratégie patrimoniale équilibrée, l’or ne doit pas dépasser 5 à 10 % des actifs. Il s’achète progressivement, par paliers, en anticipant les reculs, jamais en misant tout sur un seul coup.
Par ailleurs, il faut distinguer l’or papier de l’or physique. Le premier est plus liquide, mais dépend d’un système financier justement vulnérable en cas de crise systémique. Le second demande stockage, sécurité et parfois fiscalité, mais constitue un vrai actif tangible.
2. Des risques à ne pas ignorer
Attention cependant aux pièges. L’or, en cas de baisse de l’inflation ou de détente monétaire, pourrait corriger. Si les taux réels remontent, l’or perd de son attrait. Et à court terme, les marchés, même rationnels, peuvent devenir volatils.
De plus, le succès de l’or attire les marchands de peur : plateformes peu scrupuleuses, arnaques au lingot, faux placements exotiques. Là encore, prudence. On ne s’improvise pas orfèvre.
Conclusion :
Alors, est-il encore temps d’acheter de l’or ? Oui, mais à condition de ne pas chercher le rendement. L’or est un actif de conviction, pas de mode. Il ne promet pas la lune, mais il protège la terre ferme. À l’heure où les certitudes vacillent, posséder un peu d’or, c’est se donner une chance de rester debout, quand tout vacille autour. Et cela, ça n’a pas de prix.
L’or reste un placement de conviction plus que de mode
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