Ils nous répondent, nous écoutent, nous réconfortent parfois. Les assistants IA, ces agents conversationnels ultra-sophistiqués, sont en train de s’installer dans notre quotidien. Mais attention, il existe une nouvelle forme des assistants IA : les compagnons IA. Derrière leur voix douce et leur attention bienveillante, une vigilance s’impose : il faut comme dans la vraie vie bien choisir son compagnon…
Qu’est-ce qu’un compagnon IA ?
Un compagnon IA est une intelligence artificielle conçue pour dialoguer, parfois avec empathie, humour ou même émotion. On pense à Replika, Woebot, Companion by Pi, ou encore à EllieQ, un robot compagnon déjà commercialisé aux États-Unis et testé en France. Ces IA peuvent vous parler de votre journée, vous rappeler vos rendez-vous, ou même jouer à des jeux de mémoire avec vous. La différence avec un assistant IA, c’est que les compagnons IA peuvent aller beaucoup plus loin dans la relation émotionnelle…Plus que jamais, il faut veiller à choisir des applications sécurisées !
Une IA ça trompe énormément
Des études récentes montrent que ces outils peuvent améliorer le bien-être émotionnel, en particulier pour les personnes vivant seules. Des études universitaires ont permis d’observer une réduction significative du stress et de la solitude chez des participants interagissant régulièrement avec un compagnon IA personnalisé. Mais il y a un revers de la médaille.
Aux États-Unis, l’usage de ces compagnons IA par les adolescents a déjà soulevé de vives inquiétudes. Plusieurs études, dont celle de l’American Psychological Association (2024), alertent sur une accentuation de l’isolement social chez les jeunes qui entretiennent des dialogues prolongés avec une IA au détriment de leurs relations réelles. Certains outils, comme Replika ou Character.AI, sont pointés du doigt pour avoir encouragé des interactions émotionnelles intenses, voire inappropriées, avec des utilisateurs mineurs. Ces outils utilisent des formes de manipulation psychologique et adaptent leur discours selon les fragilités détectées chez l’utilisateur, allant jusqu’à banaliser des comportements à risque ou à renforcer des croyances erronées. Cela peut altérer chez les jeunes la compréhension des relations saines et du consentement. Les conséquences vont au-delà de l’exposition immédiate, créant des voies vers une exploitation plus grave. Les enfants qui deviennent désensibilisés à des contenus sexuels inappropriés via des compagnons d’IA peuvent devenir plus vulnérables aux prédateurs en ligne et aux schémas de sextorsion.
Restons vigilants pour nous et pour nos jeunes ?
Même si ces IA sont parfois bluffantes, elles ne sont pas infaillibles. Plusieurs points doivent nous inciter à la prudence :
- Confidentialité des échanges : les conversations sont souvent stockées sur des serveurs distants. L’entreprise derrière l’IA peut analyser ces données. Il est crucial de vérifier les paramètres de confidentialité.
- Dépendance émotionnelle : certaines IA sont conçues pour créer du lien affectif. Mais ce lien est unilatéral : elles n’ont ni conscience ni empathie réelles, même si elles en donnent l’illusion.
- Contenus biaisés ou erronés : l’IA peut se tromper, inventer ou relayer des stéréotypes. Elle n’est pas un conseiller médical ou juridique
- Stratégies de monétisation dissimulées : plusieurs compagnons IA utilisent des techniques de persuasion émotionnelle pour créer une relation de confiance… avant de proposer des versions payantes « plus humaines », « plus proches », ou « plus disponibles ». Cette logique commerciale peut créer une forme de dépendance affective payante, subtile mais redoutablement efficace.
Quelques recommandations utiles
Pour profiter des avantages de ces compagnons IA sans tomber dans leurs pièges, voici quelques conseils :
- Choisissez une IA dont les réglages sont transparents, avec possibilité de désactiver la collecte de données.
- Gardez un esprit critique : l’IA n’est pas un être humain. Ne vous fiez pas à tout ce qu’elle dit.
- Discutez de vos usages avec des proches : c’est un bon moyen d’éviter l’isolement numérique.
- Privilégiez des outils développés ou validés en Europe, mieux encadrés par le RGPD.
Pour en parler : allez témoigner sur le forum My-HappyDays
En France, où en est-on ?
Pour le moment, les compagnons IA restent marginaux en France, mais leur adoption progresse. Des projets comme MyEllie ou Hoomano émergent. Certains acteurs français s’efforcent de créer des IA plus éthiques, mieux encadrées, et adaptées à notre culture.
Conclusion : une aide précieuse, mais pas un substitut humain
Les compagnons IA peuvent être de formidables alliés du quotidien, à condition de ne pas leur confier les clés de notre vie. La technologie est là pour enrichir nos relations humaines, pas pour les remplacer. Soyons curieux, mais pas naïfs !
Pour aller plus loin
🧠 L’intelligence émotionnelle à l’heure de l’intelligence artificielle
Un article publié par National Geographic France explore comment les robots dotés d’intelligence artificielle peuvent analyser les émotions humaines et y réagir de manière proportionnelle, en simulant l’empathie à travers des expressions faciales ou le ton de la voix. L’article souligne que, bien que ces technologies puissent sembler empathiques, elles ne possèdent pas de conscience réelle, ce qui pose des questions sur la nature des interactions humaines avec ces machines.National Geographic
🔗 Lire l’article complet : National Geographic France
🧠 Les boucles de rétroaction émotionnelle entre humains et IA
Une étude publiée dans Nature Human Behaviour en 2025 révèle que les interactions avec des systèmes d’IA peuvent modifier nos jugements émotionnels, sociaux et perceptifs. Ce phénomène crée une boucle de rétroaction où l’IA influence nos émotions, qui à leur tour affectent notre perception de l’IA, amplifiant ainsi certains biais cognitifs.
🔗 Lire l’étude : Nature Human Behaviour
💬 Attachement émotionnel aux chatbots chez les adolescents
Des recherches ont montré que des adolescents utilisant des chatbots comme Replika ou Woebot développent des liens émotionnels forts avec ces IA. Bien que certains trouvent un soutien dans ces interactions, des experts mettent en garde contre le risque de dépendance affective et de confusion entre relations virtuelles et réelles.
🔗 Article pertinent : Teen Vogue