Eloge de l’amitié, ombre de la trahison
Texte de Tahar Ben Jelloun.
L’amitié est rare, très rare, d’où son aspect précieux et marquant. On arrive à la fin de sa vie et on essaie de compter ceux que l’on considère comme de vrais amis, ceux dont la fidélité a été sans faille, ceux qui vous ont aimé tel que vous êtes, sans vous juger ni essayer de vous changer.
C’est dans les épreuves, les moments difficiles et parfois décisifs, que l’amitié se révèle et se consolide, ou s’absente et tombe dans le commun de l’oubli. L’amitié est ce qui permet de désarmer la cruauté et affronter le mal.
Elle peut avoir existé, sincère et forte, puis se briser d’un seul coup, s’anéantir parce qu’elle aura manqué à l’un de ses principe fondamentaux : la fidélité ; c’est-à-dire la constance dans la confiance, cette présence qui ne doit jamais faire défaut. Comme l’écrit Cicéron : « c’est quand la fortune varie que se montre à coup sûr l’invariable ami ».
La trahison, c’est « manquer à la foi donnée à quelqu’un » ; c’est une forme d’abandon doublée parfois d’une volonté de nuisance ou d’une participation active ou passive à une opération de malfaisance. On agit contre quelqu’un à qui on devait fidélité, souvent par intérêt ou par jalousie, par vengeance, par mesquinerie. Toutes ces notions sont non seulement étrangères à l’amitié, mais sont sa négation absolue.
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