Le secret pour naviguer dans l’info : prendre conscience de ces « tours de passe-passe » de notre cerveau
Vous êtes convaincu que vous avez un bon flair pour détecter les infos fiables ? C’est sans doute vrai. Mais même les esprits les plus aiguisés peuvent se faire avoir… non pas par naïveté, mais par des mécanismes bien ancrés dans notre cerveau : les biais cognitifs.
Ces raccourcis mentaux nous permettent d’aller vite… parfois trop vite. Voici comment ils influencent notre perception, en particulier face aux infox.
👥1. L’effet de confirmation : « Je savais bien que c’était vrai ! »
C’est sans doute le biais le plus connu. Notre cerveau adore avoir raison et a tendance à chercher et à privilégier les informations qui confirment ce que nous pensons déjà. Vous avez déjà cliqué sur un article parce qu’il confirmait ce que vous pensiez déjà ? Félicitations, vous venez de rencontrer l’effet de confirmation.
Il nous pousse à accorder plus de crédit aux infos qui vont dans notre sens, même si elles sont fausses.
Exemple : Si vous doutez de l’efficacité des vaccins, une vidéo alarmiste qui prétend le prouver va vous paraître plus crédible… même si elle vient d’un inconnu sur Telegram filmé dans sa voiture.
🔁 2. Le biais de disponibilité : « Si j’en entends souvent parler, c’est que ça doit être vrai ! »
Imaginez que vous passiez devant la même publicité pour un produit tous les jours. Au début, vous n’y faites pas attention. Mais après une semaine, le produit commence à vous sembler familier, voire sympathique. La répétition crée l’impression de vérité et il fonctionne avec les informations.
Un exemple simple : Une rumeur sur un remède miracle pour les douleurs articulaires circule sur les réseaux sociaux. Si vous la voyez passer sur plusieurs de vos groupes de discussion, elle va progressivement vous paraître plus crédible, même si vous n’avez jamais vérifié si elle venait d’un médecin. Notre cerveau se dit : “Si tout le monde en parle, c’est sûrement efficace.”
Sauf que les réseaux sociaux amplifient certaines infos de manière artificielle. Une même rumeur vue 10 fois n’est pas 10 fois plus fiable.
⏱ 3. Le biais d’ancrage : « La première impression est la bonne »
La première information que l’on reçoit sur un sujet a un poids disproportionné sur notre jugement et il est souvent difficile de revenir sur la première impression que nous avons eu, même lorsqu’elle est fausse. C’est la raison pour laquelle les fausses rumeurs sont lancées sur les réseaux sociaux dès qu’un évènement est connu. Cela permet de marquer les esprits pendant qu’un vide informationnel laisse champ libre à toute spéculation.
Un exemple simple : Après les attentats de 2015, de fausses rumeurs ont circulé quasiment instantanément pour explique que les autorités étaient au courant car elles étaient arrivé sur place « trop » vite. Ces rumeurs se sont amplifié et les informations officielles sur l’attentat n’ont été publiées qu’une fois validées et vérifiées, ce qui laisse la place aux spéculateurs malveillants pour marquer les esprits avec un temps d’avance. Ces fausses informations ont davantage d’impact car elles sont vues en premier.
🎯4. Le biais de simplification : « C’est trop compliqué, je vais prendre ce qui semble évident »
L’un des moteurs invisibles mais puissants de la désinformation, c’est ce que les psychologues appellent la paresse intellectuelle. Ce n’est pas un jugement moral, c’est un fonctionnement naturel de notre cerveau.
Notre cerveau est programmé pour économiser de l’énergie. Il cherche en permanence à minimiser l’effort cognitif. C’est pour cela que, face à une information complexe ou incertaine, nous avons tendance à privilégier des idées simples, faciles à comprendre, à retenir et à répéter.
Le problème, c’est que dans cette logique, les explications simplistes paraissent souvent plus convaincantes que la réalité, même si elles sont fausses. Cela nous conduit à un rejet de la complexité : nous n’aimons pas ce qui est nuancé, incertain, ou qui demande de faire l’effort de croiser plusieurs sources.
Exemple : « Le virus a été inventé pour vendre des vaccins. » C’est court, ça tient en une phrase… et c’est faux.
💡 Comment éviter de tomber dans le piège ?
Prenez conscience du fonctionnement de votre cerveau. Rappelez-vous que ces biais sont des réactions naturelles. C’est déjà la moitié du chemin pour les déjouer ! Il ne s’agit pas de se méfier de tout, ni de se priver d’un bon débat. Mais d’avoir quelques réflexes simples et de cultiver votre curiosité naturelle pour garder le cap :
Prenez un moment. Avant de partager une information, offrez-vous une minute de réflexion. Est-ce que cela me semble trop beau ou trop révoltant pour être vrai ?
Cherchez une autre source. L’astuce la plus simple est de taper l’information dans un moteur de recherche. Si c’est une information majeure, elle sera forcément couverte par d’autres sources fiables.
Changez de perspective en lisant aussi des sources qui ne pensent pas comme nous. Vous pouvez demander à ChatGPT de se placer dans un rôle de contradicteur pour vous présenter des arguments opposés
Ne soyez pas le dindon de la farce en vous laissant berner : restez toujours vigilants avant d’accorder votre confiance … comme dans la vraie vie
🛠 Outil pratique – “Ma boussole anti-biais”
- Quand une info m’étonne ou m’indigne… je me demande :
✅ Est-ce que ça me fait réagir très fort ?
✅ Est-ce que ça confirme ce que je pense déjà ?
✅ Est-ce que je l’ai vu plusieurs fois mais jamais sur un média fiable ?
Si vous cochez deux cases : pause, vérification.
💬 Exemple de prompt IA pour y voir plus clair
Contexte : “Voici une information que j’ai reçue.
Rôle : tu es un expert en communication et en psychologie cognitive
Action : Est-ce qu’elle exploite un biais cognitif connu (comme l’effet de confirmation ou la simplification) ? Peux-tu m’aider à prendre du recul ?”
Forme : explicite les points d’attention pour m’aider à les identifier ainsi que les questions que je devrais me poser
Ton : Réponds de façon synthétique et précise