Une pièce de théâtre: les téméraires Zola et Mélies au cœur de l’affaire Dreyfus, au théâtre de la Bastille (Paris) jusqu’au 16 juin 2024.
J’ai trouvé la pièce très intéressante.
« 1894, l’Affaire Dreyfus divise la France.
Un Capitaine est accusé d’espionnage et déclaré coupable.
En plein succès littéraire et contre l’avis de son éditeur, Zola enquête sur le cas Dreyfus. Depuis son studio de cinéma, Méliès, lui, s’engage à dénoncer un mensonge d’État. Malgré les menaces et soutenus par leur femme, l’un écrit l’article le plus connu de l’histoire, l’autre réalise le premier film censuré au monde.
Fausses rumeurs et antisémitisme n’arrêtent pas ces Téméraires, qui, armés de leur courage et d’un sens du devoir hors du commun font éclater la vérité.
7 comédiens interprètent 30 personnages et amènent du rire au milieu de la haine.
L’Histoire est en marche, rien ne l’arrêtera plus ».
Une pièce de Julien Delpech et Alexandre Foulon , mise en scène par Charlotte Matzneff
Émile Zola, avec son célèbre « J’accuse…! », incarne dans cette pièce la voix de la conscience et du courage intellectuel. Son intervention est cruciale, non seulement dans le débat public autour de l’affaire Dreyfus, mais aussi comme moteur dramatique dans la pièce, illustrant la puissance de la plume face à l’oppression et à l’erreur judiciaire. Zola, par son acte d’accusation contre les véritables coupables de la machination et sa critique acerbe de l’antisémitisme ambiant, devient un catalyseur du changement, poussant la société à s’interroger et à agir. On le découvre dans l’intimité de sa vie avec les deux femmes de sa vie, son épouse légitime Alexandrine et sa maitresse, mère de ses deux enfants, Jeanne.
Georges Méliès, pionnier du cinéma, apporte quant à lui une dimension visuelle et imaginative à la narration. Sa présence dans « Les Téméraires » souligne l’impact de l’innovation et de la créativité dans la manière dont les histoires sont racontées et perçues par le public. Méliès, avec ses illusions et ses techniques cinématographiques révolutionnaires, représente l’aspect visionnaire de cette époque de bouillonnement culturel et intellectuel. Dans la pièce, son art devient une métaphore de la capacité de l’homme à révéler la vérité au-delà des apparences et des préjugés.
« Les Téméraires » offre ainsi une perspective riche et polyphonique sur l’affaire Dreyfus, invitant le spectateur à considérer les multiples facettes de cette histoire.
J’ai trouvé la pièce très intéressante, pour l’ensemble de ces raisons et parce que les acteurs sont formidables d’entrain et passionnés.
J’ai toutefois regretté qu’Alfred Dreyfus, soit comme bien souvent, représenté à tort comme une victime, lui qui fut un héros malgré lui, le héros de sa survie et de sa réhabilitation. Tout comme je n’ai pas aimé qu’il soit ficelé en position christique sur le lit de sa détention pour figurer son supplice.