Une jeune fille effarouchée d’à peine seize ans, toute rose, aux cheveux blonds et au chapeau de paille à rubans bleus, accourt vers le bois de pins pour se jeter dans les bras d’un beau jeune homme aux larges favoris noirs. Blanche est la nièce de M. de Cazalis, député royaliste, millionnaire, « maître tout-puissant dans Marseille ». Philippe Cayol , un jeune libertin désargenté et «républicain pour comble de vulgarité». Et c’est ainsi que l’histoire des deux amants commence par un enlèvement romantique et rocambolesque. Fin du premier chapitre.
Ce roman-feuilleton populaire en comporte soixante autres, pleins de rebondissements inattendus, typiques du genre, qui entraînent le lecteur impatient de connaître la suite, dans de folles aventures.
Le lecteur pénètre au coeur de Marseille, dans les tripots innombrables des bas-fonds de la ville où l’on joue jusqu’à la ruine ou jusqu’au million , dans le monde des banquiers véreux et des usuriers impitoyables poussant leurs victimes au suicide. On y rencontre un gracieux abbé qui, oubliant toute prudence, écrit un billet d’amour sur une mignonne feuille de papier rose. On y découvre des prostituées de luxe menant leurs riches amants au désespoir et un notaire vendant des biens qui ne lui appartiennent pas. S’ajoute à tout cela un enfant naturel, un duel, une épidémie de choléra, un échafaud dressé sur La Canebière et la Révolution de 1848.
L’auteur de ce « roman historique contemporain » , publié en feuilleton dans Le Messager de Provence en 1867, n’est autre qu’Emile Zola . Vous lirez cette oeuvre de jeunesse avec grand plaisir et surtout avec grand amusement. Elle s’inscrit dans la lignée des Mystères de Paris d’Eugène Sue et donne un avant-goût du grand talent de notre illustre écrivain.
Merci à Anne-Marie S. , grande lectrice
