Quand on parle d’intelligence artificielle, il faut comprendre moteur de recherche très puissant couplé à un générateur de langage naturel. Ces nouveaux outils sont appelés à remplacer les outils actuels de recherche que nous utilisons au quotidien pour trouver de l’information sur Internet. Il faudra juste apprendre comment leur poser une question pour avoir directement la réponse recherchée.
Ca arrive de partout
Tous les jours ou presque, la presse annonce l’arrivée d’une nouvelle intelligence artificielle : Chat GPT, GPT 3, GPT4 ( OpenAI), BARD (Google) et autres. Il s’agit en fait de l’arrivée sur le marché grand public d’une technologie dont les débuts remontent aux années 1990 et qui est porteuse d’autant de progrès que l’a été le moteur de recherche sur Internet dans les années 1980.
Il n’y a pas une intelligence artificielle, mais une quantité d’outils spécialisés ou grand public.
Un moteur d’intelligence artificielle est un outil informatique, à qui on donne une méthode de travail et un ensemble de données, et qui va apprendre à utiliser cet ensemble de données pour répondre à des questions selon la méthode de travail qu’on lui a donnée. On lui apprend aussi à répondre en langage naturel.
Si la méthode, c’est les règles du jeu d’échecs, et l’ensemble des données toutes les parties jouées jusque là, on a un outil capable de battre les plus grands champions. C’est l’exploit accompli par IBM avec son ordinateur Deep Blue, qui a battu en 1997 le champion du monde Garry Kasparov. IBM avait lancé le projet en 1985. A ma connaissance, c’est la première fois que le grand public a entendu parler d’intelligence artificielle.
Si la méthode, c’est de savoir sélectionner les informations pertinentes et d’écrire en bon français, et que l’ensemble des données c’est Internet, on a les outils grand public dont le plus connu aujourd’hui est ChatGPT dans ses diverses versions. et que Microsoft vient de mettre à la disposition de tout le monde avec son moteur de recherche BING. La nouveauté ici, c’est la capacité à dialoguer en français avec le grand public.
En pratique, il y a déjà des centaines d’outils très spécialisés.
Si la méthode, c’est la façon de distinguer les cellules cancéreuses des cellules saines dans le poumon, et l’ensemble des données tous les scans faits jusque-là avec leur interprétation, alors on a un outil capable de lire les scans plus efficacement et plus rapidement qu’un médecin.
Voici que ce dit Bing à propos de la détection par IA du cancer du poumon:
« L’intelligence artificielle (IA) peut être utilisée pour améliorer le dépistage du cancer du poumon. Selon une étude hollandaise, un programme d’IA prédit avec précision le risque de cancer du poumon des nodules pulmonaires détectés lors du dépistage tomodensitométrique1. Une autre étude coréenne a montré que des logiciels de détection assistée par ordinateur basés sur l’IA seraient plus précis dans la détection de cancer du poumon que les radiologues et médecins seuls2.
L’IA peut être un outil puissant pour aider à identifier les nodules pulmonaires, en particulier lorsque les radiologues sont confrontés à un volume élevé de cas2. Des entreprises comme Google ont également développé des logiciels d’IA capables de reconnaître les tumeurs dans le cancer du poumon avec plus d’efficacité que les médecins eux-mêmes3.«
Bing donne les sources.
Comme pour tout outil puissant, le discernement humain est nécessaire pour pouvoir poser les bonnes questions et valider les résultats.
Comme tout outil statistique, les modèles d’intelligence artificielle sont d’abord une aide à la décision.
Je vais prendre une comparaison simple. Le feu est un outil puissant, il faut du discernement pour s’en servir. Un exemple vécu avec un de mes petits-enfants, comment faire du caramel ? La méthode, c’est la recette de cuisine (mettez beaucoup de sucre et un peu d’eau dans une casserole, mettez à chauffer, et arrêtez quand c’est la bonne couleur et la bonne viscosité ). La base de données, c’est l’ensemble des résultats possibles et l’expérience de la cuisinière. Eh bien, il faut du discernement pour arriver au résultat voulu.
Autre exemple, si la cuisson était pilotée par une intelligence artificielle, il faudrait quand même lui dire au début comment on aime le caramel: clair, ou brûlé, mou ou dur.
Avec les résultats donnés par un outil grand public, comme Microsoft Bing, c’est pareil. Il faut absolument relire pour éviter les erreurs. Dans le fond, c’est un peu comme quand on écrit soi-même, on se relit pour corriger les fautes d’orthographe qui ont pu passer.
J’aime beaucoup les conseils donnés par Microsoft en en-tête de son outil, qu’il appelle « conversation »:
« Apprenons ensemble. Bing est alimenté par l’IA, donc des surprises et des erreurs sont possibles. Assurez-vous de vérifier les informations et Partager des commentaires donc nous pouvons apprendre et nous améliorer ! »
Apprendre à distinguer le vrai du faux
Par exemple, le diagnostic médical est aidé par l’analyse d’images (détection et interprétation des radios). Ces diagnostics ne feront rien de bon si on ne forme pas des radiologues de haut niveau. Il faut toujours prendre en compte les faux positifs, les faux négatifs etc…Cela ralentit le travail du spécialiste qui a beaucoup d’analyses à faire, mais cela est formidable car à ce moment là on fait beaucoup de progrès dans la prévention.
De même, les nouveaux outils d’IA générative pour améliorer la qualité des photos et en modifier le contenu. C’est là que l’IA fait le plus de progrès actuellement, mais ces images deviennent artificielles, introduisent de graves erreurs et peuvent induire beaucoup de choses fausses.
Il devient difficile de distinguer le faux du vrai et pour l’instant il y a peu de travaux la dessus. Si ChatGPT fonctionne beaucoup, il recyclera ses propres productions. C’est un processus récurrent qui doit converger vers une espèce de consensus mou des idées qui trainent sur le web.
J’espère vous avoir expliqué clairement de quoi il s’agissait. Dans un prochain article, nous verrons comment s’en servir.
Mis à jour le 15 juin avec l’apport de SylvieT. professeur d’IA
Crédit : Image de vectorjuice sur Freepik
Pour aller plus loin
Une autre étude coréenne a montré que des logiciels de détection assistée par ordinateur basés sur l’IA seraient plus précis dans la détection de cancer du poumon que les radiologues et médecins seuls2.